Données :

Nombre d’épisodes : 13

Année de parution : 2023

Nom original: 16bit Sensation: ANOTHER LAYER

Nom de diffusion: 16bit Sensation: Another Layer

Où l’écouter : Crunchyroll

 (https://www.crunchyroll.com/fr/series/G8DHV7854/16bit-sensation-another-layer )

Type : Original inspire d’un manga

Directeur : Takashi Sakuma

Studio: Studio Silver

Public cible : 18 ans et plus (Le sujet parle notamment de jeu érotique, donc il est mieux que la personne qui le regarde soit au moins familier avec ce type de média).

Genres : Mystère, science-fiction, tranche de vie, comédie

Langue d’écoute : Japonaise sous-titrée en anglais

Histoire :

Konoha est une grande amatrice des visuals novels, plus précisément des Bishoujo games. Elle rêve un jour de pouvoir créer son propre jeu, malheureusement, la compagnie pour laquelle elle travaille n’est pas du tout intéressés par ses idées. Elle reste donc prise à seulement pouvoir colorer le dos des personnages dans deux jeux qui ne sont faits que pour rapidement faire de l’argent plutôt que faire des jeux de qualité. Alors qu’elle se promène dans Akihabara, elle trouve un magasin de vente de jeux usagés et y trouve des jeux classiques pour une somme modique. Lorsqu’elle en ouvre un, elle est envoyée dans le passé! Elle retourne vers son lieu de travail et enfin, elle a la chance d’être dans une compagnie qui développe des jeux avec passion…le seul hic, c’est que la technologie qu’elle utilise pour dessiner n’existe pas encore et sa tablette est sans batterie, en plus, le seul programmeur de la compagnie semble plutôt froid à l’idée de continuer de développer dans la compagnie de son père. Konoha arrivera-t-elle à faire le jeu dont elle rêve? Ses actions auront-elles des conséquences sur le présent?

Critique :

Lors de mon marathon saisonnier, j’étais intriguée par cet anime où une personne de l’époque moderne se retrouve dans le passé afin de faire un « bishoujo game » (« Catégorie de visual novel présentant essentiellement des personnages féminins et leurs relations avec le héros, de sorte que le public visé est majoritairement masculin. Ce type de jeu peut également contenir ou non des scènes sexuelles. » [1]). Étant une amatrice de visual novel, j’étais très contente de voir les multiples références à divers titres qui ont marqué ce type de roman ou jeu vidéo. J’étais intriguée à savoir quels concepts de voyage dans le temps seraient utilisés et s’ils le seraient bien et quels aspects de la création et de l’industrie de ce type de média.

Jusqu’à l’épisode 10 j’étais assez investie. En effet, les clins d’œil des techniques utilisées pour la création ainsi que les événements historiques qui ont influencé l’industrie japonaise étaient intéressants. Les personnages avaient des aspects intéressants et j’appréciais particulièrement la couleur que la protagoniste apportait dans les scénarios ainsi que sa relation avec l’otaku de PC-98 (la blague face à son obsession reste jusqu’à la fin de l’anime). Ce qui était bien normal étant donné que c’étaient les seuls personnages vraiment développés.

Alors qu’elle encourage l’équipe du passé d’Alcool Soft dans le but de créer des visuals novels, et, peut-être un jour, son visual novel de rêve (qu’elle ne pourrait jamais faire dans la compagnie dans laquelle elle travaille dans le présent), l’impact de son influence se fait ressentir dans le présent. En effet, à chacun des projets complétés dans le passé, des visuals novels de sa collection disparaissent. Je me demandais pourquoi ils disparaissaient et quel était l’impact que les jeux d’Alcool Soft réussissent à sortir grâce à l’aide de la protagoniste.

Avant l’épisode 10, il y avait déjà des éléments un peu problématiques. Les rôles des divers employés dans l’entreprise n’ont été que survolés, on sentait principalement l’importance mise sur les illustrateurs et sur le programmeur. On faisait certes des clins d’œil face au marketing et à l’écriture des scénarios, mais il manquait beaucoup de structures, je trouvais cela un peu dommage vu que, bien, la technologie est un peu explorée, mais les idées, la façon d’écrire, la structure interne, rien n’était bien élaboré. Je m’attendais à avoir quelque chose qui se rapprochait de Shirobako, mais bon, j’étais quand même investie dans l’histoire. Un autre aspect problématique c’est la normalisation du travail non payé ou vivre sur son milieu de travail. Bien que l’anime se passe dans le passé, on ne critique pas du tout voire on se sert du fait de dormir sur son milieu de travail pour rapprocher les gens dans l’histoire. Au Japon, on retrouve une culture problématique du travail et un mot y a même été inventé pour définir la mort à cause de la surcharge de travail soit Karoshi [2]. Je trouve que la protagoniste aurait dû, au moins, reconnaître les similitudes de milieu de travail toxique, mais non. Enfin, lorsque la protagoniste parle de sa passion des Bishoujo games, incluant son côté pervers, je me suis tournée vers mon conjoint et je lui ai demandé : Si c’était un homme qui disait cela, ça ne passerait pas hein? Nous étions d’accord. Je ne souhaite pas que ce type de jeu disparaisse, mais il comporte des éléments de sexisme assez souvent, parce que bien, c’est souvent le principe de séduire une fille pour avoir une scène de sexe avec! C’est correct que ces jeux existent, mais si on se retrouve dans un anime qui traite des visual novels, ce serait bien d’y reconnaître un peu ses problèmes! Même un titre nommé qui est un « classique » comporte des mécaniques dans le narratif qui inclue l’esclavage et le viol. Donc, disons qu’en plus du milieu qui est peu exploré on ne critique pas du tout l’image problématique envers les femmes et est même admirée par un personnage féminin!

Il y a d’autres aspects que j’aimais bien par exemple, j’aime bien certaines valeurs qui sont promues. La passion, l’imagination et l’amitié sont au cœur de cet anime et influencent l’avenir. Il y a même un épisode qui explique un peu l’origine du mécanisme de téléportation à travers le temps qui nous font rencontrer les personnages de Echo. Il y a un dialogue expliquant l’importance de l’imagination et que chaque humain en possède. J’ai grandement apprécié qu’une certaine forme de « magie » repose en chacun de nous et que nos rêves méritent d’être poursuivis, même si des compromis doivent être faits pour atteindre les objectifs et que l’on doit encourager les autres autour de soi parce que l’on gagne ensemble plutôt que pour seulement des gains pour soi uniquement.

Malheureusement, même si je pouvais ignorer les problèmes avant l’épisode 10, cet épisode a, comme l’expression anglaise le dit, « jumped the shark » (« l’expression jumping the shark (littéralement « sauter par-dessus le requin ») désigne le moment où une série bascule dans l’invraisemblable. Ce moment est généralement associé à une chute nette de qualité » [3]). Dans cet épisode, après avoir sorti son jeu de rêve, la protagoniste se retrouve en 2023 avec un Akihabara qui est transformé sans aucun élément de la culture des animes et c’est uniquement de sa faute parce qu’Alcool Soft est allée aux États-Unis et que tous les visuals novels sont produits là-bas. Alors elle est dégoûtée quand les jeux qui ont remplacé les filles mignonnes sont remplis de filles musclées et à l’air de peu de qualité. Il y avait une très très mauvaise interprétation de la culture otaku en Amérique ou de l’art produit ailleurs dans le monde, également, les Américains sont vus comme étant les méchants pour les épisodes qui suivent. Disons que la xénophobie était assez dégoutante, cela m’a également surprise parce que le producteur, Aniplex, a une bonne part du marché aux États-Unis! Ensuite, pourquoi est-ce que tout Akihabara changerait à cause de seulement un jeu? Comment est-ce que le présent était-il changé avec les jeux précédents? On ne le sait pas.

Ensuite vient l’otaku de PC-98 qui est justifié dans son obsession qui débloque des capacités d’hacker qui semblent complètement dépasser ses capacités de programmeur, d’ailleurs on n’en comprend pas son lien entre la démolition d’un bâtiment et son travail. Bref, à partir de l’épisode 10 on ne voit seulement que l’accumulation d’éléments ridicules qui narrativement font peu de sens, pourquoi est-ce que Akihabara est plus avancé technologiquement en 2023 de l’histoire qu’en 2023 de nos jours? Bref, c’était frustrant, décevant et m’a complètement dégoûtée. Le pire, mais vraiment le pire, c’est qu’au lieu de nous montrer pourquoi le présent redevient presque à la normale…on saute le développement du jeu important! On en fait qu’arriver dans le présent où la protagoniste va pouvoir développer des jeux sous l’aile de l’otaku de PC-98 et que son ancienne compagnie n’existe plus.

La protagoniste voulait pouvoir faire son jeu et c’était son objectif. En tant que personnage, elle n’a pas évolué de l’épisode 1 à l’épisode 13. Je n’ai pas compris l’objectif de l’anime et au final, j’ai eu l’impression d’avoir perdu mon temps. Toute l’histoire et le mystère mis en place au début de la série n’est pas réellement payant, l’anime ridiculise l’art hors du Japon, met des éléments dans l’histoire devant la protagoniste afin de donner une raison pour que les choses arrivent plutôt que de faire un vrai développement d’histoire. L’industrie et les conséquences des développements ne sont pas réellement élaborées et on n’en apprend pas vraiment quelque chose sur ce type d’industrie. C’est vraiment dommage parce que de magnifiques histoires existent dans les visuals novels et de comprendre ce qui se trouve en arrière serait bien. Oh et à un moment donné, au moins, on critique la présence de l’intelligence artificielle génératrice d’art/d’écrit parce que cela fait vide (sans inspiration) et que tout se ressemble à un moment donné, mais dans le même épisode on utilise l’IA en la remplissant des œuvres de la compagnie sans penser à l’exploitation que ce type de IA fait face aux artistes comme la protagoniste dans l’industrie. C’est juste trop frustrant, pas assez critique, pas assez informant, encourage des comportements problématiques et déçoit en n’accomplissant pas le voyage dans le temps de façon satisfaisante.

Je ne vous recommande pas du tout d’écouter cet anime.

Sources :

  1. DURIMU DREAM. ( 29 février 2012). Explication des termes propres au visual novel, Bishoujo game/Galge (girl game). Durimu Dream. https://durimudream.wordpress.com/2012/02/29/explication-des-termes-propres-au-visual-novel/#4
  2. David Bracke. (15 février 2022). Japan’s Extreme Work Culture. ByArcadia.https://www.byarcadia.org/post/japan-s-extreme-work-culture-might-be-coming-to-an-end
  3. Jumping the shark. (10 janvier 2024). Dans Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jumping_the_shark#:~:text=Dans%20le%20jargon%20audiovisuel%20am%C3%A9ricain,une%20chute%20nette%20de%20qualit%C3%A9.

Données :

16bit Sensation: ANOTHER LAYER. (10 janvier 2024). Dans Anilist. https://anilist.co/anime/159559/16bit-Sensation-ANOTHER-LAYER/

Images :

Studio Silver. (2023). 16bit Sensation: ANOTHER LAYER [Image promotionnelle]. Image prise sur IMDB https://www.imdb.com/title/tt29143189/?ref_=tt_mv_close

Studio Silver. (2023). 16bit Sensation: ANOTHER LAYER [Image promotionnelle]. Image prise sur Crunchyroll https://www.crunchyroll.com/news/latest/2023/8/7/16bit-sensation-another-layer-anime-premiere-date-voice-cast-theme-song

Studio Silver. (2023). 16bit Sensation: ANOTHER LAYER [Capture d’écran]. Images prise sur Kinofisha https://www.kinoafisha.info/en/series/9116/

Studio Silver. (2023). 16bit Sensation: ANOTHER LAYER [Capture d’écran]. Images prise sur Copperbowl https://copperbowl.de/16bit-Sensation-Another-Layer-2310569.html