Données :

Titre : Damsel

Auteure : Elana K. Arnold

Langue de lecture : Anglais

Nombre de pages : 309

Maison d’édition : HarperCollins Publishers

Année de parution :2018

Public cible : Adultes, adolescents plus vieux

Genre : Horreur, fantastique

Histoire :

Le prince Emory connaît son devoir afin de devenir roi : il doit vaincre le dragon et récupérer la demoiselle prisonnière de ce dernier. Lorsque la demoiselle se réveille, elle n’a aucun souvenir, elle ne connaît même pas la légende du dragon et de la demoiselle que tout le monde connaît. Elle n’est plus entre les griffes du dragon, mais le danger n’est jamais loin.

Critique :

Ce livre est un livre très bien écrit où le vocabulaire est très créatif et imagé. Les mots sont utilisés afin de nous faire sentir dans un conte et cela fonctionne très bien. L’horreur n’en est que plus vivante. Ce livre sera un conte horrifiant pour les femmes, les féministes et les victimes d’abus psychologique. En effet, les lecteurs qui ne sont pas sensibles aux horreurs de la patriarchie ne vivront pas la même expérience de lecture.

Dès le début, je savais que cette histoire présenterait un cycle vicieux et abusif, là où Emory ignore la sensibilité, le sens esthétique et se concentre sur sa personne afin d’atteindre ses objectifs. Lorsque la demoiselle se réveille sans nom, il la nomme Ama parce qu’il pense que les femmes devraient avoir un nom qui commence par un son ouvert. Le dégoût et le malaise n’étaient déjà présents que dans les premières pages de ce livre, je savais que cette histoire ne me ferait pas du bien.

Avant de continuer, en parlant de mon expérience de lecture, je dois vous dire que je ne pouvais pas le lire seule. Je devais avoir des gens qui me faisaient sentir en sécurité près de moi. Je fermais parfois le livre et demandais un câlin afin de me rassurer et de me calmer. Si vous êtes sensibles à ce genre de sujet, je vous recommande de faire de même si vous décidez de lire ce livre. De profonds malaises et peurs m’ont prise à plusieurs moments du roman, les préjugés et le fonctionnement très réel de cette société fictive sont des éléments qui m’ont créé de l’anxiété.

Dans cet univers, c’est une tradition. Tous les futurs rois doivent trouver un dragon, sauver la demoiselle et faire un fils avec cette dernière. La femme est une chose qui doit rester dans son rôle, être obéissante et belle. Elle est un objet qui doit être rempli et c’est son rôle important. En ce qui concerne la sexualité, ses besoins ne sont pas importants, ce sont seulement ceux de l’homme qui comptent. L’homme peut prendre ce qu’il veut quand il veut.

Ce monde cruel est celui où Ama doit vivre et elle décide de s’adapter, elle qui n’a ni famille, ni passé. Pourtant, elle sent à plusieurs reprises que les choses ne devraient pas se passer ainsi, mais elle est si prise dans cette société qu’elle essaie de s’adapter afin de ne pas perdre le peu qu’elle a soit son lynx qu’elle a sauvé des mains d’Emory.

La cruauté animale est utilisée comme parallèle afin de démontrer ce qui doit être fait afin qu’Ama soit soumise.

Les abus sexuels sont courants dans le roman et même que, le prince en rit en disant : « Vous devez me comprendre, une femme si belle est difficile à résister et d’autres hommes ne se seraient pas retenus d’aller plus loin. » Il se moque d’Ama, la manipule, la fait sentir mal, utilise la menace et des paroles douces afin de souligner comment il est bon pour elle. Les mensonges sont communs afin de rendre Ama prise émotionnellement dans la relation. À un moment, Ama réagit comme une victime de viol en ne bougeant pas et en ayant la tête ailleurs.

L’entourage d’Ama la prend en pitié et encourage le cycle vicieux qui se perpétue dans ce royaume ou la chastie lorsqu’elle ne répond pas aux attentes ou qu’elle souhaite être libre de ses choix. On lui dit même que : «  la plus grand force d’une femme est d’accepter le rôle qu’elle doit remplir » et on souligne plus loin qu’elle va finir par trouver un moyen de tolérer la douleur, certaines demoiselles par le passé ont même été jusqu’à l’automutilation suite à des pleurs fréquents. Bref, on traite la femme comme étant un objet soumis qui doit servir le roi et son fils et en dehors de cela, elle n’a pas de raison de vivre. J’ai vécu beaucoup de colère en lisant plusieurs passages et je disais à voix haute : « ARK!!! ».

L’histoire, dans presque son entièreté, est une très bonne représentation d’une relation abusive où ce sont les hommes qui contrôlent et où les mères perpétuent le cycle vicieux. Les gens sont élevés là-dedans, changer leur mentalité est loin d’être aisé. C’est un allié, une parole qui frappe au cœur de la colère refoulée, de la peine de la solitude qui fait en sorte que la victime peut s’exprimer et poser action pour s’en sortir. Je ne vous dirai pas la fin ni la « surprise » du livre, bien que je l’ai découvert dès le chapitre un. Je dois dire que je trouve la solution réaliste pour un conte et que dans la vraie vie, une action décisive et rapide peut être ce qui aide une personne à s’en sortir (sans être aussi drastique évidemment). Je ne pense pas qu’il faut faire comme dans le conte, mais que cette histoire est une exploration crue de situations qu’une victime d’abus peut vivre, mais mis dans un contexte fantastique afin de faire travailler l’imagination pour comprendre cette réalité difficile.

Dans les relations d’abus, l’abuseur ne changera pas à cause de la personne qu’il rencontre, surtout pas si c’est dans son apprentissage, la situation ne s’améliorera pas pour la victime. La passion et un ami, quelqu’un qui l’encourage, permettent à la personne de se retrouver.

Je pense que ce livre est très dur, mais cela peut être une lecture qui fait ouvrir les yeux à des personnes qui en ont de besoin ou qui devrait comprendre ce qui peut se passer. Je vous recommande toutefois de faire attention et d’être avec des gens qui vous aiment si vous vous mettez à vous sentir mal comme moi. Un excellent livre, bien écrit et illustré et ne cache pas les aspects cruels d’une relation d’abus.