Données :

Titre : Fresh

Année de parution : 2022

Directrice : Mimi Cave

Compagnies de distribution : Hulu et Disney

Genres : horreur psychologique, romance, comédie

Durée du film : 1h56

Langue d’écoute : Anglais

Public cible : 18 ans et plus (violence, sang, horreur liée à la mutilation de corps)

Histoire :

Noa n’a pas de chance pour les rencontres amoureuses. Elle reçoit des messages inappropriés sur les annonces de rencontres, elle va à des rendez-vous avec des hommes sexistes et racistes…En plus sa meilleure amie, Mollie, la soutient, mais elle est un peu décourageante lorsqu’elle lui dit : je ne sors plus avec les hommes parce qu’au moins j’ai de la dépendance émotive de la part des femmes, les femmes c’est moins dramatiques… Puis, un jour, elle est à l’épicerie lorsqu’un homme, un peu plus vieux, Steve, mais mignon l’aborde en faisant une blague légère sur des raisins qu’il achète. De fil en aiguille, ils vont à un rendez-vous ensemble et Noa semble avoir trouvé un meilleur assaisonnement à sa vie. Sa meilleure amie lui dit de se méfier d’un homme plus vieux qui essaie de séduire une femme plus jeune, les types de ce genre sont souvent mariés. Noa en a assez de ne pas faire de connections, n’ayant que Mollie dans sa vie, n’ayant plus de parents proches, pourquoi ne pas se rapprocher de quelqu’un qui a de la chimie avec elle et accepter de partir en voyage avec lui dans une destination inconnue? Que pourrait-il bien se passer de mal?

Critique :

Je vous préviens tout de suite, il est difficile de parler des aspects du film sans dévoiler des aspects importants de ce dernier. Je pense que vous apprécierez la critique. Pour ceux qui voudraient simplement avoir une impression, voici mon verdict de ce film : NE MANGEZ SURTOUT PAS EN LE REGARDANT, le film est stressant, il fait peur, et malgré sa prévisibilité, saura vous surprendre et vous choquer. Les parallèles faits avec l’image de la femme et du côté misogyne des relations de couple sont bien exploités.

À partir de maintenant, en suivant la prochaine photo, je vais parler de plusieurs aspects du film. Je ne crois pas que je vais ruiner l’expérience de visionnement, mais il se peut que je dévoile certains aspects. Déjà simplement en sachant que c’est un film d’horreur vous aurez moins de surprises. Maintenant, la critique pourra peut-être vous donner une meilleure indication de regarder le film ou non.

Le film commence avec une introduction qui nous donne un indice sur l’horreur qui se dessine. Les lampes sont rougeâtres, il y a un grand focus de caméra sur la bouche, la mastication ou des portions du corps. Lorsque des personnages font l’amour, une musique grinçante, horrifiante joue.

Chose très drôle, étant donné que le cannibalisme est une thématique importante, pour les plus attentifs, vous remarquerez que beaucoup de chansons traitent de l’emprisonnement, de la nourriture ou d’autres thématiques liées à l’horreur du film.

Une autre utilité de l’introduction sert de différencier Chad de Steve. Chad est un homme qui veut se démarquer, il parle de trucs un peu dégueu à table, il prend la nourriture que Noa a payé pour que son frère mange les restants, il est raciste envers la serveuse, il dit que les femmes d’avant étaient mieux habillées et plus propres alors que les femmes d’aujourd’hui s’habillent en mou et que Noa serait plus belle en robe (donc sexiste en plus) et lorsque Noa lui dit poliment qu’elle n’est pas intéressée à un autre rendez-vous, il l’insulte. Steve, lui, laisse de l’espace à Noa, il lui pose des questions, semble s’intéresser à elle, bref, il semble la respecter et être un prospect intéressant.

Lorsque l’on écoute l’intro, on sait que quelque chose va mal se passer et lorsque le titre arrive enfin, il nous assomme comme une masse afin de nous faire enfoncer dans l’horreur.

Le grand problème de l’intro, c’est qu’elle enlève beaucoup de tension et joue beaucoup dans les stéréotypes de l’horreur. On sait que l’horreur s’en vient, on ne sait pas juste quand ni comment. On est plus attentifs aux détails et on voit les erreurs et on est plus conscients de ce que chaque personnage dit. Cela joue contre le fait de surprendre le spectateur. Par contre, cela sert beaucoup à être attentifs aux messages que le film veut transmettre.

Le film n’est pas vraiment subtil avec les messages. D’abord il y a Chad. Chad, le prénom, en ligne, est souvent « le stéréotype péjoratif du gars musclé qui réussit sexuellement ». [1] Chad est l’amalgame d’une multitude de traits désagréables qui peuvent se présenter dans des rencontres lorsqu’on prend la chance de rencontrer des gens en ligne. Il en va de même avec les hommes qui peuvent envoyer des photos de leur pénis ou disent des commentaires peu appropriés dans le clavardage.

L’usage de la viande, de la boucherie sous anesthésie, le fait d’enfermer des femmes dans des pièces, de choisir ce qu’elles mangent afin d’avoir de la viande fraîche, etc. Tout cela est un bon représentatif de l’image de la femme soit un produit de consommation, un bout de viande, enfin, pris littéralement. La femme a souvent été vue utile uniquement dans sa jeunesse afin qu’elle soit utilisée pour le sexe et la reproduction. Sa beauté est son seul atout et sa soumission ainsi que son côté « imbécile » ou « enfantin » que l’on peut contrôler sont quelques choses de désirables chez certains hommes.

On peut penser par exemple aux célébrités ou la publicité ou à la pornographie qui présentent des femmes jeunes et « désirables » aux yeux des hommes. Je me rappelle d’un enseignant de sociologie qui comparait de photos de femmes dans la publicité et des femmes dans la pornographie, il y avait beaucoup de similitudes. Il en va de même dans les films, souvent, ce sont des femmes jeunes qui deviennent en couple avec un homme bien plus vieux et  elles doivent, bien souvent, sacrifier leur identité et/ou leur(s) passion(s)/travail pour découvrir et vivre avec l’homme qui est « destiné » à être avec elle. La femme est un produit pour réaliser les fantasmes des hommes. Le mouvement « me too » a entraîné un changement de l’image de la femme au cinéma. Ce film est un exemple de critique avec une image bouchère de consommation de la femme.

La critique est représentée par les exemples masculins et féminins. Steve semble être un homme « normal » jusqu’à ce que l’on apprenne sa vraie nature. Il va même jusqu’à habiller Noa dans une robe qui l’infantilise. Il est contrôlant et ses comportements rappellent une relation abusive où la femme doit refléter ce qu’il veut pour rester en vie, dans ce cas-ci, littéralement dans l’immédiat. Lorsque Noa lui désobéit, elle en subit immédiatement les conséquences physiques, mais lorsqu’elle se plie à lui, s’intéresse à lui, devient vulnérable, dépendante, compréhensive, il devient plus gentil avec elle.

Un autre homme, qui a un rôle, présent dans le film représente l’homme silencieux alors qu’il devrait parler. Il agit de façon logique dans la situation où il se trouve, donc, je pense que ce message a été moins bien présenté.

Toutefois, les personnages féminins sont à critiquer face aux messages présents de la misogynie dans la société et les couples. Je n’ai rien à dire par rapport à Noa, outre qu’elle est naïve et souhaite être heureuse, ce qui l’amène, comme bien d’autres à prendre des décisions stupides malgré le fait que c’est une femme qui est consciente qu’elle peut être en danger par le seul fait qu’elle soit une femme. Par exemple, elle marche dans une allée sombre pour aller à son véhicule, elle est suivie et elle met ses clefs entre ses doigts afin de pouvoir s’en servir si nécessaire. Elle tombe pourtant sous le charme d’un agresseur à cause de sa vulnérabilité psychologique.

Le personnage féminin que je veux critiquer c’est Mollie. Mollie parle des hommes en général de façon négative et illustre même les femmes avec qui elle sort comme étant plus dépendantes émotionnellement et qu’il y a moins de drame. Je n’aime pas du tout ce discours qui stéréotype les personnes bisexuelles et met un peu Mollie comme étant une personne ayant besoin aussi de contrôle envers les autres. Lorsqu’elle tue un personnage qui a décidé de supporter Steve et qu’elle crie « c’est à cause des femmes comme toi que des choses comme ça se passent! », je comprends sa colère. L’autre femme représente les femmes qui se diminuent et diminuent les autres femmes afin de plaire aux hommes. Mollie a une histoire avec la femme qu’elle tue. Je trouve, toutefois, que l’action, bien que logique dans l’instant, de là à mettre la faute sur tout ce qui s’est passé et se passe face aux hommes sur ce personnage, est un peu poussé. Je pense que ce message n’était pas clair.

Il manquait de personnages positifs afin de contrebalancer les personnages négatifs. Des personnages qui font du bien, qui sont des bonnes personnes qui permettent au spectateur de comprendre « ça c’est un bon exemple » ne serait-ce qu’un ami des filles qui est l’image d’un homme qui est une image positive et qui se comporte comme telle. Une femme qui est heureuse en couple, une femme qui réussit et qui est bien célibataire. Quelque chose pour rendre le message plus clair et solide pour ceux qui ne comprendraient pas nécessairement les métaphores ou qui, sans être des meurtriers, ont des comportements négatifs envers les femmes. Ceux qui ont ces comportements comme les exemples négatifs au quotidien, à mon avis, risquent, sans dire que Steve est une bonne personne, d’empathir avec lui et de dire que Noa aurait dû agir autrement qu’elle aurait pu le changer ou des stupidités de la sorte. Ils pourraient même détester le film pour les messages présents.

Je trouve, en général, que les métaphores, les dégoûts envers les comportements violents, négatifs sont très bien exécutés. J’ai compris, pour la plupart, les messages qui ont voulu être transmis et j’ai grandement apprécié le film d’avoir utilisé la viande afin d’illustrer différentes violences, les comportements destructeurs et autres images des femmes qui sont dévorées dans un système qui est encore dominé par l’homme.

Ce film est terrifiant! J’avais tellement peur, j’ai tellement été dégoûtée. J’étais contente de l’avoir écouté avec mon conjoint et qu’il ait dit non à du popcorn! Le personnage de Steve était charmant, manipulateur, joyeux tout en étant un sadiste qui romantise le fait de consommer la chair de quelqu’un comme lui permettant de ne faire qu’un avec la personne. Évidemment, le consentement, il s’en contrefiche hein! Il y a des scènes où il dissèque les femmes alors qu’elles sont conscientes (mais gelée, un peu comme un dentiste qui arrache des morceaux de chair avec précision au lieu des dents!) et on voit des morceaux de chair, du sang, ce n’était pas violent, mais j’étais incapable de regarder. Je fermais les yeux et je demandais à mon conjoint de me dire lorsque les scènes de boucherie étaient finies.

Steve est un personnage effrayant, il est réaliste même s’il est un malade. La façon dont il se comportait avec Noa, on aurait dit… quelqu’un qui traitait un chien qu’il aimait, mais voulait aussi battre. La plaisir qu’il a dans les actes inhumains, le rend monstrueux. Les scènes où l’on voit des hommes, en partie, nus ou qui ont des traits de richesses ou de chasse qui mangent de la viande  (que l’on sait vient de femmes) retournent l’estomac. Steve se voit comme « une bonne personne » il ne violerait certainement pas les femmes qu’il kidnappe! Il fait même un temple avec les femmes qu’il a lentement découpées en gardant leurs photos ainsi que leurs effets personnels, comme si c’était un tableau de chasse.

Je me sentais vulnérable, j’avais peur, je sentais, outre l’aspect du cannibalisme, que Steve était une personne qui, sans le connaître, on croit qu’il est normal. Alors que lorsqu’on vit en couple avec, il est une personne violente qui cherche le contrôle. Telle le narcissique qu’il est, lorsqu’il le perd, il pleure et demande pardon afin d’essayer de récupérer ce qu’il a perdu afin de continuer ce cycle d’abus.

Le cannibalisme n’est pas le seul élément qui rend cet homme un monstre, c’est la violence quotidienne qui rend ce film encore plus effrayant.

Le cannibalisme, aussi, rend le message plus clair. Le personnage de Steve dit même à Noa : « C’est la viande des femmes qui est la meilleure, c’est ce qui est en demande sur le marché ». Pourquoi les hommes ne veulent pas manger d’autres hommes? Cela montre aussi le contrôle qui est désiré envers les femmes qui va jusqu’à, dans ce film, leur consommation directe sans leur consentement et qui apporte un plaisir sexuel ou d’autres satisfactions par les hommes qui les mangent.

Fresh est un film horrifiant avec des bonnes intentions. L’humour sombre est présent et pourrait vous faire sourire de temps en temps. La présence de l’humour sert à baisser un peu la tension du film, c’est très nécessaire, car le film est intense!

Je pense que le message, les relations de couples est compliqué surtout lorsque l’on veut rencontrer une bonne personne, est bien présenté.  Je pense que la violence simple ou directe envers la femme est bien illustrée. Sauf qu’il y a des trous dans l’histoire, certaines décisions ne font pas de sens, semblent illogiques. Le décor, lui, toutefois, est génial afin de donner des petits indices ou détails qui illustrent l’horreur qui arrive ou qui représentent les personnages avec ce qu’ils sont dans leur environnement de vie.

J’ai terminé le film en étant satisfaite, il y a une scène où j’étais très contente pour les personnages et où je trouvais la violence justifiée. J’ai senti la relaxation dans mon corps lorsque j’ai terminé le film.

Je me suis toutefois dit que le film n’apportait pas de solutions. Le cycle n’est pas terminé, des hommes cannibales sont encore là, il y a même un texte de Chad qui revient. Le film souligne des problèmes et c’est super! Mais il n’y a pas de solutions, cela laisse un léger goût amer dans ma bouche.

Je pense que c’est une belle expérience qui est une critique intéressante. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas eu aussi peur en regardant un film ni être autant dégoûtée. Les émotions ressenties étaient très fortes et j’étais contente d’avoir vu le film.

Je vous le recommande fortement si vous voulez visionner un film avec un message avec une forte métaphore, surtout si vous êtes une femme, et que vous voulez avoir peur et que vous aimez les films d’isolation où l’on cherche à s’enfuir. Aussi si vous aimez les cannibales et l’horreur sur la mutilation de corps.

Bon visionnement!

Sources :

  1. fatninjaskillz et Philipp. (2022). Chad. Know Your Memes. https://knowyourmeme.com/memes/chad

Données et images :

IMDB. (2022). Fresh. https://www.imdb.com/title/tt13403046/?ref_=tt_mv_close