Je ne suis pas une professionnelle de la santé mentale ou une experte en relations interpersonnelles. Ce texte sert à faire de la vulgarisation sur un phénomène que bien des gens vivent.
J’avais enfin décidé d’accepter l’invitation. Je m’étais changée avec les vêtements blancs offerts par mon hôte et je pénétrais enfin dans son jardin. Les fleurs et les plantes fourmillaient formant un labyrinthe méticuleusement organisé. Au loin, on voyait la touffe des arbres de la forêt privée de mon hôte.
Un jardinier était sorti d’entre les tiges, ses vêtements étaient tachés de diverses couleurs masquant presque le blanc. Ses gants étaient teintés de terre. Son chapeau était replié et déchiré par morceaux. L’hôte me souriait et m’invitait d’un grand sourire à le suivre à travers les odeurs et les couleurs de la terre. Le jardinier parlait peu, mais cela m’allait : il était toujours invitant, souriant. Il m’apporta à l’orée de la forêt, là où l’expérience unique devait commencer.
-Saviez-vous que les plantes sont influencées par la parole?
-Les plantes poussent mieux avec de l’eau et de la bonne terre, mais la parole, je ne sais pas.
Le jardinier sortit un verre de cristal et me le tendit.
-Lorsque les plantes reçoivent des paroles positives, elles produiront de plus belles fleurs et de plus beaux fruits. Les paroles agressives, quant à elles, peuvent même les faire flétrir. Je suis une personne de peu de parole, ce sont mes chansons qui font danser les tiges et le vent est mon ami afin de transporter mes chansons dans les fibres de mon jardin.
Je regardais le verre, incertaine de ce que je devais faire. Ma voix pouvait-elle…vraiment apporter du bien? Je ne dérangerais pas?
-Je dois chanter? dis-je incertaine.
Le jardinier mit doucement sa main sur mon épaule toujours en souriant.
-Si cela est ton désir, plus tard peut-être. Pour le moment, afin de vivre l’expérience, je vous invite à prendre le sentier en forêt. Au bout du chemin, vous trouverez un puits. Ce puits est en symbiose avec un bel arbre. Assoyez-vous entre ses racines et buvez au puits. Je vous ai laissé une couverture et des oreillers, reposez-vous dans la nature. Cela pourra vous relaxer et, qui sait, vos rêves pourraient vos aider.
-Qu’y a-t-il dans le puits?
-Une simple source d’eau naturelle. Je viendrai vous apporter votre dîner plus tard, reposez-vous bien.
Il me souriait et me fit gentiment signe de commencer mon périple dans les bois.
Après quelques instants, j’arrivais dans une clairière. Un puits de pierres avec un arbre aux branches remplies de fleurs blanches s’appuyant contre la forme ovale reposait au centre. Les autres arbres étaient bien loin de cette baignoire servant à s’abreuver. L’eau était si claire que le fond de sable était visible d’où je me tenais. Entre les racines de l’arbre en fleurs, de confortables oreillers et une douce couverture m’attendaient.
Je remplissais ma coupe du liquide claire. La lumière qui glissait entre les feuilles des grands arbres m’entourant fit briller l’eau tel un joyau doré. J’hésitais un peu et je portais le liquide à mes lèvres. Je laissais le verre vide près du puits et je me laissais reposer contre les oreillers et, bientôt, les bras de Morphée m’accueillirent.
La caresse d’un pétale me fit doucement réveiller. J’entendais des murmures autour de moi. Je me relevais rapidement, puis je me calmais, je devais rêver. Là, autour du puits, se trouvaient plusieurs arbres. Leurs feuilles étaient colorées de bleu, de rouge, de jaune, d’orange, de mauve et de rose. Les arbres murmuraient entre eux au-dessus du puits. Leurs racines longeaient les pierres en s’appuyant doucement contre celles-ci afin de tremper leurs pieds dans l’eau. Des rires s’élevèrent entre les arbres, des carillons à mes oreilles. Puis, une unique feuille de chaque arbre tomba dans l’eau. Certaines glissèrent sur l’eau et tombèrent en dehors du puits poussées par la brise. D’autres coulèrent dans l’eau tombant dans le fond du puits.
Un étrange phénomène se produisit. Au fond du puits, les feuilles se mirent à briller de leur couleur respective. Des pierres près de moi chatoyèrent d’une même lumière et des rubis, des saphirs et des pierres précieuses correspondantes apparurent formant des mots tels que : créativité, joyeux, dynamique et d’autres qualités apparurent alors que d’autres feuilles tombèrent au fond du puits.
Près de moi, un arbre aux feuilles rouges avait transporté, avec une de ses racines, la coupe. Cette dernière reposait près de ma main. C’était comme s’il m’invitait à prendre à nouveau l’eau.
Curieuse, je me permettais de prendre à nouveau le liquide. La lumière lui donnait une couleur arc-en-ciel. Lorsque celle-ci atteignit mon estomac, un sentiment de plénitude m’envahit. Je fermai les yeux. Des souvenirs défilèrent dans mon esprit, lorsque l’on me complimentait sur mes réussites enfant, de la fierté que je ressentais lorsque je parlais de mes projets accomplis avec mes amis, des discussions agréables autour d’un repas et de tous ces beaux moments vécus avec les gens que j’aimais. Ces moments qui me rendaient chaude à l’intérieure, fière et qui me donnaient le goût d’avancer dans la vie.
Je rouvris les yeux. L’eau était légèrement obscurcie dans le puits, d’autres arbres étaient présents, des fleurs de toutes les couleurs reposaient sur leurs branches. Ils laissèrent les fleurs tomber dans l’eau grisâtre où leurs racines ne touchaient à peine contrairement aux arbres précédents. Les fleurs dansèrent à la surface laissant un ballet coloré sous leur passage. À nouveau, un arbre à fleurs dorées souleva ma coupe et me l’apporta. Je la pris et bu à nouveau. Je laissais la mélancolie m’envahir, la tristesse et enfin, le soulagement alors que des larmes s’échappaient de mes yeux et tombaient dans le puits. Je repensais à mes difficultés et aux gens qui m’avaient aidée à m’en sortir, à me relever, à continuer de pousser et à ne pas abandonner. Je me sentais entourée par ces arbres remplis de fleurs, aimée. Le puits redevint clair : au fond de l’eau des fleurs de cristal colorées reposaient au côté des feuilles de pierres précieuses. Certaines pierres du puits étaient fissurées, mais les fleurs s’étaient logées contre les fissures les réparant et rendant la flore du puits d’une beauté lumineuse.
Je me rassis contre les oreillers, soulagée et heureuse, ces émotions qui m’envahissaient, me soulageaient, m’enlevaient un poids. Pourquoi est-ce que je ne les vivais plus aussi souvent qu’avant?
Lorsque j’ouvris les yeux, un grand arbre s’appuyait fortement contre le puit. Il avait de grandes feuilles, plus grandes que mes mains. Un sentiment me prit, je connaissais cet arbre. Il me protégeait, son grand tronc noir m’empêchait de faire des erreurs, me permettait d’être heureuse. Je m’en approchai quittant le nid douillet. Son écorce était chaude, rassurante. Des feuilles de l’arbre tombèrent dans l’eau. L’arbre m’apporta la coupe et me la donna en poussant dans ma main. Je me penchai et pris de l’eau.
Je me souvenais de notre rencontre, comment je me sentais heureuse, comprise. Je me sentais moins seule.
D’autres feuilles tombèrent dans l’eau, l’arbre, cette fois-ci, mit sa racine autour de mon poignet pour m’apporter à boire l’eau.
-Pourquoi tu n’es pas capable de faire ça comme il le faut! Je te l’avais dit pourtant! Cria sa voix dans ma tête.
J’essayais de mon mieux pour bien faire. À chaque fois que je faisais un petit quelque chose qui ne lui plaisait pas, l’arbre levait la voix. Il criait quand je ne m’y attendais pas, pour n’importe quelle raison.
-Tu ne devrais pas aller la voir, elle ne m’aime pas, ce serait mieux pour nous deux. Surtout pour toi, tu sais comment ça va te faire mal hein? Elle va encore raconter des mensonges et il va falloir qu’on s’en parle pendant des heures encore…
Je ne pouvais pas voir personne qui lui déplaisait je ne pouvais pas sortir où je voulais. Je devais toujours demander sa permission sinon, j’allais encore me faire sentir mal et lui déplaire. Des arbres tentèrent de s’approcher.
L’arbre avança, mon ventre s’appuya contre les pierres alors que je sentis le tronc chaud contre mon dos, comme si un souffle se trouvait constamment contre ma nuque. Ses racines éloignaient les autres arbres du puits.
– Tu devrais avoir les cheveux longs, sinon tu n’es vraiment pas féminine. Tu le sais bien que tu es incapable de parler sans me déranger, tu devrais attendre que je sois disponible. Tu as vraiment de la difficulté à prendre des décisions sans moi, tu le sais bien avec ton stress.
Je n’avais jamais l’impression d’être assez bonne, ni assez bien physiquement, il restait avec moi malgré tout, j’étais tellement chanceuse.
Les racines entourèrent mes chevilles et déchirèrent la tunique blanche. C’était mieux ainsi, elle ne m’allait pas assez à ses goûts, le blanc ne m’allait pas bien selon lui.
– Tu devrais te reposer, mais juste après avoir fait le ménage, tu sais comment je ne peux pas bien travailler sinon! Tu dois travailler fort sinon tu vas devenir paresseuse. Ton stress te prend tellement d’énergie, mais ne t’en fais pas, je vais être là pour toi. Tu es mauvaise pour ces choses-là, mais au moins tu fais un peu d’effort, mais heureusement que je suis là pour te rappeler de faire les bonnes choses comme il le faut.
Je ne savais plus quoi faire pour le faire sentir bien, je me sentais tellement coupable d’être malade, de ne pas être assez bonne. Je devais me reposer mais, je devais diminuer le poids que je lui faisais vivre.
L’eau était noire comme du charbon, une odeur terreuse de décomposition en sortait.
– Je fais tous les efforts! Je n’ai pas oublié! Tu as oublié la dernière fois tu t’en souviens? Je ne comprends pas pourquoi c’est toujours moi le méchant! Tu ne comprends pas tous les efforts que je fais! Non, c’est toi qui aurais dû me rappeler de faire l’épicerie! Je ne vois pas pourquoi je serais le responsable.
Je n’avais pas raison, je n’étais pas capable de jugement, je ne savais pas ce que je voulais, je n’étais pas assez bonne…J’étais toute seule, c’était lui qui prenait soin de moi, qui savait ce qui était meilleur pour moi.
L’eau sombre pénétrait mes poumons alors que l’arbre me poussait, me retenant sous l’eau. Il savait ce qui allait mieux pour moi, si je l’écoutais peut-être qu’il crierait moins? Il me sourirait plus? Je me sentirais mieux?
Les racines me poussaient de plus en plus vers le fond, les lumières des joyaux s’éteignaient alors que je sentis ma vision s’éteindre.
Non! Je ne voulais pas ça non!
Les racines noires étaient enroulées autour de mes jambes, de mes bras, elles me serraient m’entraînant vers le fond. Je ne pouvais pas me débattre. L’eau bougeait autour de moi et des pierres lumineuses provenant de l’entrée du puits tombèrent autour de moi alors que l’arbre noir me noyait et m’enterrait vive. Je voulais crier, appeler à l’aide…mais qui m’aiderait? J’étais mauvaise, pas intelligente, pas belle, pas bonne…j’étais seule avec l’arbre noire.
Des bras forts me saisirent par la taille et me firent sortir de l’eau. Je toussais crachant le liquide noir sur la terre. Ma tête tournait. L’arbre noir était toujours présent, l’arbre de fleurs blanches commençait à se flétrir, à mourir et une partie du puits s’était écroulée sous le poids des racines de l’arbre noir.
Je levais la tête vers mon sauveur, le jardinier. Son sourire avait disparu. Il prit un outil sur le sol, une longue faux. Ses vêtements autrefois tachés étaient complètement noirs.
-Est-ce que je suis morte? Demandais-je au faucheur.
Il secoua la tête.
-Je suis le jardinier des vies de cette terre. Le magnifique arbre que tu es se meurt sous les mauvaises paroles d’un mauvais jardinier.
-Qu’est-ce que je peux faire?
Il sourit.
-Éloigner ce parasite de l’arbre de vie n’est pas une tâche aisée, mais au moins, tu n’es pas seule, tu ne l’as jamais vraiment été.
Autour de nous, de la forêt, les arbres aux feuilles précieuses et les arbres aux fleurs de cristal et certains possédant les deux, sortirent de la forêt. Lorsque leurs racines touchèrent le sol de la clairière, les corps se changèrent de bois à chair. Des larmes coulèrent de mes yeux en reconnaissant des visages familiers de mes amis, de ma famille et des visages non familiers qui me regardèrent avec respects, compréhension et tendresse.
-Tous ces gens veulent et peuvent t’aider d’une façon ou d’une autre, il suffit d’avoir les bonnes influences qui sauront cultiver et t’aider à couper les mauvaises. Tu es le maître de ton destin, il suffit parfois d’avoir un autre pouce vert afin de faire revivre la beauté qui a été oubliée.
La violence psychologique peut être vécue par plusieurs personnes. L’agresseur peut être un parent, un employeur, un ami ou encore un conjoint. Cette violence peut ou non être également physique. La personne qui la subit se retrouve souvent isolée volontairement ou non. « La violence peut être consciente ou non par la personne qui la fait vivre à l’autre » [1]. Ce qui est important, c’est que la personne ne reste pas dans cet environnement toxique. La première chose à faire est donc de la sortir de cet isolement. Ensuite, n’agissez pas seul, consulter des psychologues ou des spécialistes dans des situations d’abus psychologique. Il y a des organisations qui existent afin d’aider les gens qui vivent de l’abus.
Afin de faire cela, il faut d’abord comprendre ce que la personne vit. Il y a plusieurs choses que l’agresseur fait vivre à la victime de l’harcèlement psychologique. Il faut toutefois savoir que cela peut se produire en début de relation ou petit à petit. [1 et 2]
- La personne va faire en sorte que la victime se sente insécure physiquement ou psychologiquement. Cela se fait avec une agressivité passive ou active envers la victime afin que celle-ci sente qu’elle n’agit jamais de façon correcte, et ce, même dans la soumission.
- L’agresseur fera en sorte de contrôler la victime dans divers aspects de sa vie, ses relations, son argent et va lui manquer de respect dans ses choix.
- Les capacités intellectuelles, l’apparence physique, les habitudes, la façon de parler, etc. sont toutes critiquées afin que l’agresseur se sente supérieur et que la victime accepte son infériorité.
- « Un climat de culpabilisation et un sentiment d’incompétence, par des plaintes et des critiques, des exigences irréalistes, des attitudes de rejet et de frustration, de jalousie, organisant la sensation d’être continuellement en faute. » [1]
- « Un sentiment de confusion et de doute, par des attitudes et des messages incohérents, des mensonges, des manipulations, des interprétations concernant tous les faits et gestes, des procès d’intention, des mises en scène, et par une non-reconnaissance, une négation et un mépris des besoins fondamentaux, des émotions, des sentiments et de la souffrance, entra[î]nant chez la victime une incapacité à avoir confiance en ses jugements, ses réactions et ses désirs. » [1]
- « Une insistance continue à obtenir des rapports sexuels » en ce qui concerne des conjoints plus particulièrement. [2]
- « De faux remords : L’homme [cela s’applique également à des situations hors des couples] dont la partenaire essaie de le quitter pour ces abus montre des remords/regrets, il pleur[e] et est désespéré. Il jure qu’il changera et qu’il le fera seulement par amour. » [2]
Évidemment, ce traitement n’est pas sans conséquence. La personne peut perdre sa confiance en elle, son estime et perdre une partie de son identité. Elle a un fort sentiment d’incompétence et d’isolement. Elle devient, en quelque sorte, dépendante de la relation toxique. Elle peut être consciente que la relation est mauvaise, mais pour une raison, souvent émotionnelle, mais parfois financière ou d’autres raisons, elle reste prisonnière de la relation. Elle peut même se sentir responsable de son malheur, qu’elle mérite ce qu’elle subit.
La dépression, l’anxiété, le stress post-traumatique et la mort (donnée par l’agresseur à cause de la violence physique ou par suicide) sont toutes des conséquences de l’agression mentale. [1]
Afin d’aider la personne, il est important de l’identifier! La victime et vous-même devez l’identifier afin de pouvoir en parler et trouver des moyens pour aider la personne. Faire affaire avec des spécialistes dans les relations d’abus tels que des travailleurs sociaux et des psychologues spécialisés sont des personnes qui seront vos alliés afin d’aider la personne ou de vous aider si vous êtes une victime. Il est important d’avoir du soutien dans ce genre de situation afin que la personne puisse redevenir le bel arbre qu’elle a toujours été. [1]
Sources :
- Clinique psychologique Québec. (20 mars 2018). La violence psychologique, comment l’identifier et la combattre?. https://cliniquepsychologiequebec.com/identifier-combattre-violence-psychologique/
- Psychologue.net. (26 juin 2019). 7 signes que vous êtes victime de violence psychologique. https://www.psychologue.net/articles/7-signes-que-vous-etes-victime-de-violence-psychologique
Images :
Foundry. (16 juin 2010). Jungle water sea ocean pond lake [Photographie]. Pixabay. https://pixabay.com/photos/jungle-water-sea-ocean-pond-lake-868966/
Pixabay. (20 mai 2017). Pink Flower Field [Photographie]. Pexel. https://www.pexels.com/photo/pink-flower-field-414083/
Kristina Paukshtite. (13 novembre 2018). Macro Photography of Yellow Flowering Tree [Photographie]. Pexel. https://www.pexels.com/photo/macro-photography-of-yellow-flowering-tree-1591142/