Données :

Titre : Les joies d’en bas ; Tout sur le sexe féminin

Titre original : Gleden med skjeden

Auteures : Nina Brochmann et Ellen Stokken Dahl

Langue de lecture : Français

Nombre de pages : 393 (sans les notes et les références)

Maison d’édition originale : H. Aschehoug & Co.

Maison d’édition : Actes Sud

Année de parution originale : 2017

Année de parution de la traduction : 2018

Public cible : 12 ans et plus

Genre : Essai

Prémisse :

« [C’est] un livre pour les femmes qui [ne sont] pas sûres de fonctionner comme il le faut, qui [pensent] qu’[elles devraient] avoir une autre apparence. Aussi pour [celles] qui [sont] satisfaites et fières de l’incroyable organes qu’[elles ont] entre les jambes et qui [aimeraient] mieux le connaître.

Critique :

Un des bons points qui m’a tout de suite donné confiance au livre, c’est l’énorme quantité de sources mise à la fin du livre en plus de l’humilité des autrices. En effet, ces dernières n’hésitent pas à dire qu’elles n’ont pas fini leurs études, que les données peuvent changer à travers le temps.

Évidemment, je pouvais aussi prendre la perspective et des données avec un grain de sel vu que, d’une manière ou d’une autre, l’essai serait d’un point de vue norvégien. Il y a des réalités qui sont universelles comme le fonctionnement du corps, mais, par exemple, les sages-femmes n’offrent pas des prescriptions outre que pour les femmes qu’elles suivent suite à leur accouchement au Québec. Il peut être autrement ailleurs dans le monde.

Le livre a été une vraie partie de plaisir à lire pour les premiers chapitres où on retrouve des images qui accompagnent les éléments présentés en plus de discuter de plusieurs sujets avec humour. La première partie parle du fonctionnement du corps, surtout autour des parties génitales, de l’identité sexuelle, des sécrétions vaginales et du sexe.

Dans cette première partie, j’ai appris beaucoup de choses que je ne savais pas déjà dont plusieurs mythes qui sont encore très fréquents. Par exemple, on parle de la virginité, saviez-vous que l’hymen guéri et qu’il y a aucun lien avec la virginité? Que ce lien est purement culturel? On dénonce les recherches scientifiques  qui se sont surtout concentrées sur une perspective masculine. Il en va de même pour la sexualité, on explique que la pornographie est un spectacle et on encourage les femmes à explorer leur corps afin de mieux le comprendre et de mieux en tirer plaisir. Les messages sont très positifs et donnent des trucs afin de mieux comprendre son corps, combattre les mythes sexistes, en plus d’expliquer que l’on est pas obligée, par exemple, de pratiquer le sexe anal. L’exploration de la jouissance féminine est très présente dans les chapitres et offrent une présentation de la sexualité qui est loin de ce qui est montré dans les médias (pornos et films). J’ai bien apprécié que les auteures n’oublient pas les couples homosexuels et expliquent le phénomène de la transexualité du point de vue psychologique et biologique.

Les auteures encouragent les femmes à communiquer avec leur partenaire et de vivre de l’intimité pas seulement sexuelle.

Toute cette partie est fantastique et donne vraiment un portrait qui combat énormément les mythes et apporte une éducation sexuelle qui n’est absolument pas (du moins à mon époque) présentée à l’école. Quand j’étais au secondaire, on parlait de la contraception, des maladies transmises sexuellement ainsi que des fonctionnements mécaniques, mais jamais du plaisir et certainement pas celui de la femme, des mythes culturels et encore moins de la communication entre les partenaires !

Je vous laisse découvrir quelques aspects positifs, il y a un gros focus sur les relations hétérosexuelles, mais, beaucoup d’informations peuvent être utilisées pour toutes personnes ayant une vulve.

Les problèmes surviennent durant la deuxième partie du livre soit sur les contraceptifs et les maladies du système génital féminin. Évidemment, cette partie est principalement de la vulgarisation. On perd beaucoup d’humour et les illustrations finissent par disparaître et la lecture finit simplement par devenir lourde et ennuyante. Je crois que le ton a donc été perdu. Je comprends par contre que cet aspect est normal étant donné l’aspect plus scientifique et sérieux de ces sujets. Sauf que, les lecteurs pourraient décrocher alors que les aspects sont vraiment importants. Le livre, au début, s’est presque lu en 3 jours, par contre, ensuite, cela m’a pris presque un mois à terminer le livre parce qu’il m’ennuyait. Par contre, ce n’est pas un problème qui me ferait m’en débarrasser, car l’information est importante, et, franchement, il n’est pas facile d’apporter de l’humour dans les thèmes de ces deux chapitres.

Là où mes problèmes arrivent c’est la surpositivité des auteures face à plusieurs phénomènes mentionnés ou, carrément, des pratiques qui sont moins sécuritaires.

D’abord, les auteures parlent de la contraception, le but de ce chapitre est de vulgariser les pratiques et de pouvoir choisir lesquelles conviennent le mieux et lesquelles sont plus risquées, soit le calendrier. La majeure partie des informations semblent justes, je ne suis pas une professionnelle de la santé, donc je ne peux me prononcer sur les informations. Par contre, elles encouragent, outre que pour des inconforts et des raisons médicales, à prendre la pilule et que la plupart des effets secondaires nommés sont faux comme prendre du poids. Bien entendu, elles disent que les femmes doivent choisir la contraception qui lui convient le mieux. Sauf que, voilà, moi, j’ai eu une très mauvaise expérience avec la contraception hormonale. Les auteures présentent que, selon les données qu’elles ont trouvées, n’ont pas de causalité. J’ai commencé à prendre l’anneau vaginal à 16 ans, mes seins ont pris une croissance exorbitante (B à D en moins de 2 ans, aujourd’hui j’ai une taille qui requiert une opération de réduction pour ma santé), j’ai pris plus de poids, j’avais une tendance plus accrue à être amorphe, j’ai perdu énormément de libido…bref, les effets secondaires sont présents chez plusieurs femmes et la contraception hormonale doit être réfléchie et surveillée afin d’éviter d’avoir des conséquences à long terme. Cela ne veut pas dire de ne pas la prendre, mais je trouvais que les effets étaient presque diminués par les auteurs alors que les conséquences peuvent être réelles. Sachez qu’elles mentionnent les effets secondaires possibles, mais l’impression que j’ai eue, c’est que les effets étaient moindres face aux aspects positifs.

Ensuite, dans la section sur les maladies, les auteures conseillent de faire un test de détection des maladies/infections transmises sexuellement transmissibles après quelques relations non protégées. L’utilisation du condom (préservation) est mentionnée comme étant la seule façon de se protéger des ITSS, par contre, il n’y a pas d’emphase mise sur son utilisation dans cette section. Au lieu de prévaloir le test des deux partenaires avant les relations non protégées ou l’utilisation du condom, les auteures mentionnent que, par exemple, l’herpès : « Ce n’est pas grave, il va finir par l’attraper un jour ou l’autre et être immunisé ». C’est cette attitude que je trouve irritante, elles parlent de la diminution de maladies et diminuent la gravité des maladies. Je comprends que l’on veut rassurer les femmes, éviter les préjugés, mais, à la limite, je trouve ça dangereux. Vaut mieux se protéger que de risquer de transmettre ou d’attraper des maladies et utiliser le condom, ce n’est pas compliqué et surtout plus sécuritaire! Cela ne change pas que plusieurs maladies sont bien expliquées, mais je trouve que de rassurer, comporte une limite, il ne faut pas faire peur, mais il ne faut pas non plus donner une impression que : ce n’est pas grave! C’est ce que j’ai eu comme impression sur certaines infections mentionnées dans ce chapitre.

Mon dernier bémol est sur la section qui parle des femmes enceintes. Les auteurs discutent de la prise d’alcool et de tabac. Elles rassurent les lecteurs que la prise avant de savoir que l’on soit enceinte n’est pas grave, mais qu’il faut cesser de fumer dès que l’on est enceinte. Par contre, elles disent que de prendre un verre pour sa fête ce n’est pas grave et que la vision des femmes qui boivent comme un trou sont basées sur des préjugés sexistes qui croient que les femmes n’ont pas de contrôle et qu’elles boiraient comme un trou. Sauf que…elles ne parlent pas ensuite, sauf un peu pour le tabac, des impacts que la boisson et les drogues peuvent avoir sur le développement de l’enfant. Il y a peut-être une base sexiste, mais il y a aussi une base médicale face au fait de s’abstenir de consommer pendant la gestation de l’enfant. L’éducation pour tous sur l’alcool et les drogues n’est pas complète et a des réelles conséquences, alors de dire « c’est pas grave un verre à ta fête » sans expliquer les conséquences? Je trouve cela irresponsable. Ensuite, on parle que les femmes peuvent procréer plus tard dans la vie. En effet, il y a encore cette idée que les femmes ont une date d’expiration [1, 2]. Cette section est bien pour expliquer les réalités autour des femmes et des fausses couches, des taux de chance de réussir à tomber enceinte et des probabilités que l’enfant ait une trisomie 21. Par contre, elles ne parlent pas des risques accrus d’avoir des enfants après trente-neuf ans [3] et quand on parle de l’absence de risque, il est bien de parler des risques également, ne serait-ce que brièvement. Finalement, le livre ne parle pas de la ménopause qui est aussi un aspect important pour les personnes qui sont nées avec tout l’appareil génital féminin.

Par contre, il y a des aspects très positifs qui ont été discutés lors de ces chapitres. Elles soulignent l’importance de consulter un médecin avant l’automédication ou de chercher les symptômes sur Google (et de s’inquiéter encore plus!). Elles rappellent que les visites afin de faire les tests gynécologiques trimensuels afin de faire en sorte que des maladies soient dépistées. En plus, elles discutent de l’importance de parler de sujets tabous dont les fausses couches, des mutilations génitales et des standards de beauté culturelle qui aliènent les femmes face à leur corps.

Évidemment, cette critique est mon interprétation du livre. Je pense que ce livre peut être un bon complémentaire dans l’éducation sexuelle de bien des gens, surtout pour la première partie… Mon impression de la deuxième partie est qu’il y a une positivité naïve, mais qui comporte énormément d’informations qui peuvent quand même aider à comprendre la contraception et les infections qu’une personne ayant des organes génitaux féminins peut avoir. Je ne crois pas que la lecture unique de ce livre contient toutes les réponses, mais c’est une bonne lecture pour mieux comprendre le corps féminin et du plaisir qu’il peut procurer. Je pense que cet essai peut être donné à des adolescents tant qu’il y ait des explications supplémentaires face au condom et aux effets secondaires de la pilule contraceptive et que l’adolescente qui décide d’en prendre soit suivie par des professionnels de la santé. Ce livre devrait non seulement être un matériel supplémentaire pour les filles, mais pour les garçons afin qu’ils comprennent comment fonctionnent les femmes afin d’encourager des relations basées sur l’égalité et la communication.

Ce livre n’est pas parfait, mais j’espère lire d’autres livres qui vulgarisent la sexualité féminine. Pour le moment, c’est le seul que j’ai lu de la sorte.

Sources :

  1. Skye Presley. (8 février 2019). Women Have an Unspoken Expiration Date. Medium.com. https://medium.com/writers-guild/women-have-an-unspoken-expiration-date-8d386da4f4ab
  2. Rachel Oates. (10 octobre 2021). That’s Not How Women Work [Vidéo]. Youtube. https://www.youtube.com/watch?v=OM9ufDI-yU4
  3. Julie Martory. (octobre 2017). Enceinte à 40 ans : les risques de la grossesse tardive. Passeport santé. https://www.passeportsante.net/famille/grossesse?doc=grossesse-tardive

Image :

Tegnehanne. (2018). Les joies d’en bas : tout sur le sexe féminin [illustration]. Les Libraires. https://www.leslibraires.ca/livres/les-joies-d-en-bas-tout-nina-brochmann-9782330090531.html