Données :

Nombre d’épisodes : 10

Année de parution : 2023

Nom : Oooku

Nom Anglophone: Ôoku : the inner chambers

Type : adapté d’un manga

Directeur : Noriyuki Abe

Studio: Studio DEEN

Public cible : 18 ans et + (sexualité, mort d’un animal (épisode 4), meurtre)

Genres : Historique, drame, romance et tranche de vie

Langue d’écoute : Japonaise sous-titrée en anglais

À la date d’écriture de l’article, disponible sur : Netflix

Histoire :

Un simple samouraï ne pourrait pas marier la fille d’une marchande, c’est bien sous son statut. Il a déjà donné charitablement son corps aux pauvres, en cachette bien sûr, jusqu’au jour où sa mère lui annonce qu’il doit se marier. Yunoshin Mizuno remercie sa mère de ne l’avoir jamais vendu à la prostution et qu’il préfère joindre le Oooku où il pourra travailler et envoyer de l’argent à sa mère. Il découvre toutefois que la vie au Oooku est loin d’être paisible, le viol, les abus sont fréquents et certaines lois protègent plus les animaux que sa propre vie. Pourquoi l’Oooku est-il comme il est? Yunoshin Mizuno arrivera-t-il à y trouver le bonheur ou y trouvera-t-il sa perte? La nouvelle shogun acceptera-t-elle les lois ancestrales? Quels sont les secrets qu’elle découvrira dans les archives royales?

Une histoire d’amour, de sang et de pouvoir se dessine.

Critique :

J’essaie d’écouter le maximum d’animes de l’année au complet, particulièrement s’ils sont populaires auprès de diverses communautés. Oooku est une série sur Netflix qui est devenue populaire auprès de la communauté Shoujo avec son côté historique [1]. J’avais déjà prévu écouter la série, mais cela m’a convaincue que cela devait être la prochaine étape de mes visionnements de l’année.

Cet anime est une dyschronie qui raconte ce qui aurait pu se passer lors du règne de Tokugawa Ietsugu, la dyschronie étant spécifiquement une épidémie de variole qui n’atteint que les hommes, un peu basé sur la variole qui a affecté le Japon en 735-737 qui fut aussi suivi d’une famine [2]. Les événements se produisent principalement dans le Oooku (Ôoku est aussi une variante orthographique). Cet endroit est situé dans le château du shogun où, dans la vraie histoire, les femmes étaient isolées des hommes et ne pouvaient pas sortir de cette section du château sans la permission du shogun. Il fallait avoir une permission pour y entrer et sortir. Les femmes s’y trouvant ne pouvaient pas avoir de relation avec des hommes et étaient isolées du monde extérieur [3]. Une structure complexe de pouvoir s’y trouvait et les femmes faisaient partie du haut de la hiérarchie de la société des samouraïs [4].  Dans l’anime, ce sont les hommes qui y sont préservés contre la pandémie, surtout les plus beaux afin qu’ils servent de réserve de sperme pour la shogun.

Dans le premier épisode, nous sommes bien dans le futur, l’épidémie s’est calmée. On comprend que l’ordre social japonais a changé, les hommes sont au bas de l’échelle sociale et doivent parfois être prostitués pour aider les familles et vu que la quantité d’hommes se fait rare, certains vont rencontrer les femmes pauvres afin de leur offrir une chance de tomber enceinte. En effet, cette épidémie affecte principalement les hommes et ce sont les femmes qui dirigent tout. Bref, les rôles des femmes et des hommes sont inversés. On comprend rapidement les enjeux sociaux ainsi que plusieurs inégalités. Le Japon est un endroit cruel. Ceux qui sont engagés dans l’Oooku peuvent vivre dans l’opulence, des complots politiques y abondent et la violence psychologique. J’ai adoré notre premier protagoniste qui pense y vivre une vie meilleure et découvre que seul son entraînement de samouraï lui sauve la peau. J’ai aimé les dynamiques entre les personnages, leur enjeux personnels, comment leurs valeurs influencent leur destin, etc. À la fin, j’étais si curieuse de ce que la future shogun allait découvrir et ce qu’elle allait faire avec les informations historiques là où tout a commencé…

J’ai été tellement déçue! Dès le deuxième épisode, le déroulement est devenu très, trop lent, j’avais hâte que l’action arrive qu’il y ait quelque chose qui se passe, mais chaque étape prend son temps et certaines scènes s’allongent pour des raisons complètement inutiles. Par exemple, il y avait des moments où les personnages restaient en silence à attendre ou à faire une action comme s’embrasser sans que cela apporte un plus à l’histoire, l’ambiance ou les intentions des personnages. Je m’ennuyais et, à un moment, parce que je savais qu’un chat se ferait tuer, j’ai sauté plusieurs scènes et j’avais raison et je n’avais pas manquer grand-chose. J’ai eu ce sentiment tout le long de l’anime.

Au niveau narratif, je me demandais, mais pourquoi est-ce que je regarde cet anime? Quand est-ce que l’on va revenir à l’époque de l’épisode 1, là où les personnages sont intéressants? Bon, je sais que l’objectif est de comprendre pourquoi les règles et l’organisation sont-elles dans cet état de l’épisode 1. Mais, honnêtement, j’aurais pu comprendre beaucoup d’événements sans que chaque épisode s’attarde sur tous les détails d’un événement.

Surtout quand je me fichais complètement de tous les personnages. Oui tous les personnages! Il y a vraiment quatre personnages importants : Arikoto Madenokoji, Kasuga no Tsubone, Iemitsu Tokugawa et une fermière. Arikoto est littéralement un homme qui est écrit comme une fille dans les shoujos où la fille tombe en amour avec l’homme blessé violent (c’est un prêtre qui se fait forcé à entrer dans le harem par Kasuga), Iemitsu est la shogun abusée qui abuse en retour parce que son environnement psychologique et son éducation sont difficiles comme des intérêts romantiques masculins toxiques de certains shoujo, Kasuga (c’est la vieille dame dans les images) est prise dans les anciennes traditions et utilise le pouvoir à son avantage et est, un peu, l’antagoniste et la fermière, bien elle a des événements qui lui arrivent. Les personnages plus violents (physiquement ou psychologiquement) ont leur passé expliqué afin que l’on comprenne mieux leurs raisons d’être tels qu’ils sont mais c’était très insuffisant afin d’être sympathisant envers eux, au mieux, je ressentais de l’indifférence. Leurs gestes n’étaient pas du tout rachetés par leur passé ou leurs actions suivant les informations données aux spectateurs.

L’anime traite de l’abus, des conditions sociales difficiles des femmes et l’évolution qui est nécessaire afin de faire des changements pour assurer la survie du Japon, des actes cruels qui sont imposés à ceux qui sont sous le pouvoir. Le hic, c’est que la critique est surtout faite de surface, on comprend qu’il y a une critique et on comprend la cruauté d’être le « sexe faible », des injustices que les hommes peuvent vivre dans cet univers (et donc un parallèle pour les femmes dans la vraie histoire). On comprend que les changements se font lentement, avec de la patience et en se faisant écraser et en faisant des efforts, ça s’est très bien transmis. Je pense que le sexisme et le « matriarcat » sont bien représentés. Toutefois, il y a ce sentiment dégoûtant qui semble évoqué par l’anime que les gestes horribles semblent justifiés. Il en va de même pour les gestes positifs, par exemple, Arikoto fait une fête pour les hommes du Oooku et cela leur fait grandement du bien, mais le narrateur dit que cela va entraîner des répercussions négatives économiques. J’avais simplement l’impression d’écouter du désespoir, je me sentais vidée à écouter quelque chose qui devait être une critique avec de la romance mais qui était plutôt un monde d’injustice, d’abus de mort et de complot. Un aspect qui est particulièrement traité en surface ce sont les différences économiques. La fermière doit faire une révolution dans la gestion des terres parce que les hommes ne peuvent plus travailler dans les champs et la main-d’œuvre manque. Toutefois, à chaque fois que l’histoire se concentrait sur elle et les gens autour d’elle, j’étais encore plus déconnectée que les moments passés dans l’Oooku parce que je me demandais quel était l’objectif narratif, je me demandais pourquoi je devais m’intéresser à elle. Il manquait l’accroche émotionnelle.

L’anime peut-être joli ou bien exprimer l’ambiance, le désespoir ou l’opulence de l’Oooku. Par contre, là où on se perd complètement, c’est dans le design des personnages. Plusieurs personnages sont nommés, mais, malheureusement, ils se ressemblent tous. Seuls les personnages que j’ai nommés précédemment (même si je ne me souviens pas du nom de la fermière) se distinguaient réellement visuellement. C’était problématique, surtout lorsque les personnages secondaires avaient un rôle important pour une scène importante de l’histoire. Je ne me souvenais pas ce qu’il avait fait ou je n’arrivais pas à associer son nom (si je m’en rappelais) avec son apparence, ce qui renforçait mon désintérêt face à l’histoire.

Le plus frustrant quand on regarde des animes, c’est lorsque le premier épisode est accrocheur et que l’on persiste même si les épisodes suivants sont moins bons. Toutefois, j’ai vraiment eu l’impression de perdre mon temps. Lire sur l’histoire vulgarisée du Japon aurait été plus pertinent (peut-être que le manga est meilleur, je ne l’ai pas lu). Je ne croyais pas en la romance entre les personnages principaux, je comprenais les liens qu’ils tissaient entre eux, mais ils semblaient tellement être des stéréotypes et je ne comprenais pas leurs motivations : pourquoi Arikoto tolérait l’abus, pourquoi est-ce que Iemitsu tolérait les affronts d’Arikoto? Pourquoi s’aimaient-ils? Il y a vraiment un sentiment d’inégalité et les deux personnages ne passent pas assez de temps ensemble dans le harem pour qu’on croit à leur amour « puissant » et la dévotion que tous les deux portent à l’autre. Oui, on comprend pourquoi des lois ont été établies ou la situation de l’Oooku à l’épisode 1, mais je pense que cela aurait pu être raconté organiquement d’une façon plus humaine, plus empathique ou dramatique. Je n’étais pas investie émotionnellement et c’est ce qui est le plus important dans un drame historique romantique. Quand on n’aime pas les personnages, qu’on s’ennuie, que les décisions semblent justifiées mais moralement dégoûtantes ou moralement bien (dans la situation présentée) mais que le peu de sentiment positif soit immédiatement écrasé était simplement décourageant.

Vous pouvez vivre l’excellent épisode 1, mais n’écoutez pas la suite. En plus l’anime termine sur une note décevante : enfin l’histoire semble avancer et on a espoir de revenir au « moment présent » de l’épisode 1, mais l’anime se termine avant que la shogun du « présent » puisse agir suite aux informations dévoilées des événements historiques oubliés.  Je vous recommande quand même l’épisode 1 parce que les personnages y sont intéressants, on s’intéresse aux événements parce que l’on sent les jeux de pouvoir au sein de l’Oooku et que l’on souhaite que le protagoniste s’en sorte d’une manière ou d’une autre. J’ai passé vraiment une belle heure en écoutant le premier épisode, c’est pour cela que je suis si déçue de la suite qui est si pauvre émotionnellement et narrativement.

Sources :

  1. basic boi. (3 septembre 2023). we NEED more historical shoujo. [vidéo] Youtube. https://youtu.be/JvFXrH-vNPM?si=RN5w1KTb63Kry9Ke
  2. Épidémie de variole de 735-737 au Japon. (entrée consultée le 6 décembre 2023). Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pid%C3%A9mie_de_variole_de_735-737_au_Japon
  3. Ōoku. (entrée consultée le 6 décembre 2023). Wikipédia. https://en.wikipedia.org/wiki/%C5%8Coku
  4. Cecilia Segawa Seigle et Linda H. Chance. (mars 2014). Ooku, The Secret World of the Shogun’s Women . Cambria Press. ISBN https://www.cambriapress.com/pub.cfm?bid=588

Images :

Studio DEEN. (2023). Oooku [Affiche promotionnelle]. Image prise sur Pinterest https://www.pinterest.ca/pin/826269862908988536/

Studio DEEN. (2023). Oooku [Affiche promotionnelle et captures d’écran]. Images prises sur IMDB. https://www.imdb.com/title/tt27250301/?ref_=tt_mv_close

Studio DEEN. (2023). Oooku [Captures d’écran épisode 7]. Images prises sur Randomc dans l’article Oooku – 07 par Princess Usagi  https://randomc.net/2023/07/25/oooku-07/

Studio DEEN. (2023). Oooku [Captures d’écran épisode 4]. Images prises sur Randomc dans l’article Oooku – 04 par Princess Usagi  https://randomc.net/2023/07/21/oooku-04/

Données :

Oooku. (entrée consultée le 6 décembre 2023). Anilist. https://anilist.co/anime/163137/Oooku/